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L'ennemi s'est retiré de plusieurs lieues.
Brünn, le 2 Frimaire an 14 (23 novembre 18o5).
Vingt-neuvième bulletin de la grande armée.
Le maréchal Ney a fait occuper Brixen, après avoir fait beaucoup de prisonniers à l'ennemi, il a trouvé dans
les hôpitaux un grand nombre de malades et blessés autrichiens. Le 26 brumaire, il s'est emparé de Clauzen et
de Bolzen.
Le général Jellachick, qui défendait le Voralberg, était occupé.
Le maréchal Bernadotte occupe Iglau. Ses partis sont entrés en Bohême.
Le général de Wrede, commandant les Bavarois, a pris une compagnie d'artillerie autrichienne, cent chevaux
de troupe, cinquante cuirassiers et plusieurs officiers il s'est emparé d'un magasin considérable d'avoine et
autres grains, et d'un grand nombre de chariots attelés, chargés du bagage de plusieurs régimens et officiers
autrichiens.
L'adjudant-commandant Maison, a fait prisonniers, sur la roule d'Iglau à Brünn, deux cents hommes des
dragons de la Tour et des cuirassiers de Hohenlohe. Il a chargé un autre détachement de deux cents hommes,
et a fait cent cinquante prisonniers.
Des reconnaissances ont été portées jusqu'à Olmutz. La cour a évacué cette place et s'est retirée en Pologne.
La saison commence à devenir rigoureuse. L'armée française a pris position. Sa tête est appuyée par la place
de Brünn, qui est très-bonne, et qu'on s'occupe à armer et à mettre dans le meilleur état de défense.
Au bivouac d'Austerlitz, le 10 frimaire an 14 (1er décembre 1805).
Proclamation à la grande armée.
Soldats,
L'armée russe se présente devant vous pour venger l'armée autrichienne d'Ulm. Ce sont ces mêmes bataillions,
que vous avez battus à Hollabrunn, et que depuis vous avez constamment poursuivis jusqu'ici.
Brünn, le 2 Frimaire an 14 (23 novembre 18o5). 271
Oeuvres de Napoleon Bonaparte, TOME III
Les positions que nous occupons sont formidables, et pendant qu'ils marcheront pour tourner ma droite, ils me
présenteront le flanc.
Soldats, je dirigerai moi-même tous vos bataillons: je me tiendrai loin du feu, si avec votre bravoure
accoutumée, vous portez le désordre et la confusion dans les rangs ennemis; mais si la victoire était un
moment incertaine, vous verriez votre empereur s'exposer aux premiers coups, car la victoire ne saurait
hésiter, dans cette journée surtout, où il y va de l'honneur de l'infanterie française, qui importe tant à l'honneur
de toute la nation.
Que, sous prétexte d'emmener les blessés, on ne désorganise pas les rangs, et que chacun soit bien pénétré de
cette pensée, qu'il faut vaincre ces stipendiés de l'Angleterre, qui sont animés d'une si grande haine contre
notre nation.
Cette victoire finira notre campagne, et nous pourrons reprendre nos quartiers d'hiver, où nous serons joints
par les nouvelles armées qui se forment en France, et alors la paix que je ferai, sera digne de mon peuple, de
vous et de moi.
NAPOLÉON.
Austerlitz, le 12 frimaire an 14 (2 décembre 1805)
Trentième bulletin de la grande armée.
Le 6 frimaire, l'empereur, eu recevant la communication des pleins-pouvoirs de MM. de Stadion et de Giulay,
offrit préalablement un armistice, afin d'épargner le sang, si l'on avait effectivement envie de s'arranger et d'en
venir à un accommodement définitif.
Mais il fut facile à l'empereur de s'apercevoir qu'on avait d'autres projets; et comme l'espoir du succès ne
pouvait venir à l'ennemi que du côté de l'armée russe, il conjectura aisément que les deuxième et troisième
armées étaient arrivées, ou sur le point d'arriver à Olmutz, et que les négociations n'étaient plus qu'une ruse de
guerre pour endormir sa vigilance.
Le 7, à neuf heures du matin, une nuée de cosaques, soutenue par la cavalerie russe, fit plier les avant-postes
du prince Murat, cerna Vischau, et y prit cinquante hommes à pied du sixième régiment de dragons. Dans la
journée, l'empereur de Russie se rendit à Vischau, et toute l'armée russe prit position derrière cette ville.
L'empereur avait envoyé son aide-de-camp, le général Savary, pour complimenter l'empereur de Russie dès
qu'il avait su ce prince arrivé à l'armée. Le général Savary revint au moment où l'empereur faisait la
reconnaissance des feux de bivouac ennemis placés à Vischau. Il se loua beaucoup du bon accueil, des grâces
et des bons sentimens personnels de l'empereur de Russie, et même du grand-duc Constantin, qui eut pour lui
toute espèce de soins et d'attentions; mais il fut facile de comprendre, par la suite des conversations qu'il eut
pendant trois jours avec une trentaine de freluquets qui, sous différens titres, environnent l'empereur de
Russie, que la présomption, l'imprudence et l'inconsidération régneraient dans les décisions du cabinet
militaire, comme elles avaient régné dans celles du cabinet politique.
Une armée ainsi conduite ne pouvait tarder à faire des fautes. Le plan de l'empereur fut dès ce moment de les
attendre et d'épier l'instant d'en profiter. Il donna sur-le-champ l'ordre de retraite à son armée, se retira de
nuit, comme s'il eût essuyé une défaite, prit une bonne position à trois lieues en arrière, fit travailler avec
beaucoup d'ostentation à la fortifier et à y établir des batteries.
Austerlitz, le 12 frimaire an 14 (2 décembre 1805) 272
Oeuvres de Napoleon Bonaparte, TOME III
Il fit proposer une entrevue de l'empereur de Russie, qui lui envoya son aide-de-camp le prince Dolgorouki:
cet aide-de-camp put remarquer que tout respirait dans la contenance de l'armée française la réserve et la
timidité. Le placement des grand'-gardes, les fortifications que l'on faisait en toute hâte, tout laissait voir à
l'officier russe une armée à demi battue.
Contre l'usage de l'empereur, qui ne reçoit jamais avec tant de circonspection les parlementaires à son
quartier-général, il se rendit lui-même a ses avant-postes. Après les premiers complimens, l'officier russe
voulut entamer des questions politiques. Il tranchait sur tout avec une impertinence difficile à imaginer: il était
dans l'ignorance la plus absolue des intérêts de l'Europe et de la situation du continent. C'était, en un mot, un
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